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Brigades vertes sur le Grand Site de Solutré Vergisson
27 juillet 2007

Un peu d’histoire...

Pas besoin de lavoirs spécialement construits : en tout temps les femmes ont lavé à la rivière ou au bord de l’étang, ou même à la fontaine, quand elle existe. Avec les inconvénients que l’on peut imaginer dans le cas des fontaines : on y venait puiser l’eau nécessaire à la vie et cette eau était souillée par le lavage. La création des lavoirs résulte ainsi d’une prise de conscience collective de l’importance de la salubrité publique et des principes élémentaires d’hygiène. « Choléra, variole et typhoïde meurtrissent le XIXème siècle. Or, en ces temps rationnels, l’attitude face aux épidémies diffère totalement de celle des siècles précédents : elles ne sont plus vécues comme des punitions du ciel et, plutôt que de s’incliner devant la fatalité, la raison commande de prévenir leur apparition. L’eau devient l’objet d’une attention accrue. Que ce liquide puisse propager des maladies est désormais prouvé. Veiller à sa pureté devient un impératif. Or la cause principale de son insalubrité réside en ce qu’un même point d’eau sert à de multiples usages. Les femmes vont laver leur linge à la rivière, à la fontaine ou à la mare communale. Les inconvénients sont évidents : les habitants qui viennent s’approvisionner à la mare ou à la fontaine pour leurs tâches domestiques n’y trouvent qu’une eau souillée par les savons et les saletés » . Il apparaît nécessaire de supprimer au plus vite ces foyers d’infection. L’édification de lavoirs s’impose. En plus de l’amélioration de la salubrité publique, les lavoirs apporteront un progrès de l’hygiène individuelle. La propreté du corps devient un impératif et celle du vêtement l’est tout autant. Les épidémies ont appris que le linge peut véhiculer des germes malsains Les premiers bâtiments réservés au lavage n’apparaissent qu’au temps des Lumières. Il faut attendre le siècle suivant pour qu’ils équipent villes et villages, quelle que soit leur importance.

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L’Assemblée législative vote un crédit de 600 000 F le 3 décembre 1851, sous Napoléon III, pour la construction de lavoirs publics. En examinant l’histoire locale, on constate effectivement que c’est après 1850 que ces lavoirs firent vraiment et partout leur apparition, les lavoirs tels que nous les connaissons : aménagés, couverts, transformés en bâtiments fonctionnels et considérés comme indispensables à la vie de la cité. L’année de construction est parfois gravée sur les poutres, comme à Jasseines : 1874 ; à Viviers-sur-Artaut, une plaque gravée remercie la donatrice dont la générosité a permis l’édification du lavoir en 1872. On utilisera ces lavoirs même après la guerre de 1914-1918, on répare encore ceux qui existent, et même on en construit de nouveaux par exemple à Clérey en 1920, à Villemoyenne en 1935. Mais comment les femmes peuvent-elles se livrer au lavage du linge avec entrain quand il leur faut rester agenouillées ou courbées sur une planche à laver, durant des heures, au bord d’une rivière ou d’une mare, exposées à toutes les rigueurs des saisons ? « De pitoyables spectacles se déroulent sur la voie publique [...].

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Certaines femmes profitent de l’agitation de 1848 pour réclamer haut et fort des meilleures conditions de travail, surtout pour l’entretien du linge. Décidée à soulager les classes laborieuses, l’Assemblée législative vote le 3 décembre 1851 un crédit de 600 000 francs destiné à la construction de lavoirs publics ; grâce aux commodités que ces établissements apporteront, les lavages seront moins pénibles et plus fréquents . L’Assemblée décide de multiplier leur nombre car « plus il y a de moyens de faire, plus on s’en sert » . Et les habitants eux-mêmes pressent leurs édiles de décider l’édification d’un lavoir. « Par suite des plaintes continuelles et pour chercher à satisfaire le vœu unanime des habitants de Bazemont, le conseil municipal a encore, dans sa séance d’hier, fortement parlé de l’établissement d’un lavoir public » (délibération du 21 août 1862). A Brienon-sur-Armençon, dans l’Yonne, l’édifice tant souhaité est inauguré sous les applaudissements de tous les administrés. A Lirey, dans l’Aube, le conseil municipal a fait de nombreux efforts, par suite du manque d’eau, et consacré de nombreuses délibérations depuis 1873 pour arriver à obtenir un lavoir qui soit utilisable même pendant les mois d’été. En définitive, la création des lavoirs a développé à la fois le souci de propreté, et les notions d’hygiène.

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En facilitant un tant soit peu le labeur des lavandières, ces lavoirs vulgarisèrent et encouragèrent un meilleur entretien du linge et des vêtements. Le succès de cette innovation créera d’autres désagréments pour ces femmes : « Trouver une place est parfois si ardu qu’elles s’obligent à de douloureux sacrifices : le jour est à peine levé qu’elles manient déjà le battoir et exaspèrent les riverains privés de sommeil par tant de vacarme ». Pauvres femmes, tenues de remplir une tâche bien difficile et critiquées pour leurs bavardages : « Hôtel des bavardes, moulin à paroles, bureau des bavardes, chambre des députés, voilà comment le village baptise le lavoir. » Sources : « La France des lavoirs » , de Christophe Lefébure, aux Editions Privat ; « Revue «Au lavoir » de la S.A.F.A.C. septembre 1984 .

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